Amour/variations
texte et mise en scène Anne Théron
avec Pedro Cabanas, Raphaëlle Delaunay, Nirupama Nityanandan, Éric Stieffatre
Ce ne sont ni les larmes ni les cris qui l'intéressent ici, mais l'émotion dans son excès, le désordre d'un corps soumis à une tension physique, « organique » comme elle aime à le dire. Elle
poursuit sa lente exploration de ce langage qui existe au-delà des mots. Elle entend le voir s'incarner sur scène dans les corps des deux acteurs et des deux danseurs. L'utilisation du micro,
pour être au plus près du souffle, de la vidéo, pour être au cœur du mouvement, de la musique, pour être dans les variations de rythme, tendra à expérimenter la distance entre le langage et le
corps. Au fond qu'est-ce qui est vrai dans les paroles que les deux héros échangent autour de cette passion que leur patron aurait eue avec une femme de passage, sinon leur propre désir -
immense, impossible à vivre ? Anne Théron nous conduit sur le chemin de la sensation pure - celle qui ne doit rien aux sens ou à l'expérience 1 -, et peut-être, finalement, à l'amour idéal ?
Imaginez une ferme isolée, un paysage de poussière, une chaleur écrasante, et chaque après-midi un rendez-vous qui se répète, inlassablement, avec la même tension palpable.
À l'heure où tout le monde dort, terrassé par la chaleur, Tomeo, l'intendant, et Niru, la domestique, se retrouvent clandestinement pour se remémorer la passion de leur patron pour une fille de
passage, venue chercher du travail. Chaque après-midi, immobiles dans l'air étouffant, Niru et Tomeo utilisent les mêmes mots pour raconter la même histoire et se créer des souvenirs, eux qui ne
possèdent rien, sinon cette mémoire volée. Chaque après-midi, Tomeo parle en espérant que Niru le regarde et qu'il puisse l'approcher. Et, chaque après-midi, Niru se dérobe, bien qu'elle attende
depuis le matin que Tomeo la rejoigne dans cet antre obscur, à l'abri des persiennes closes. Pourtant, chaque après-midi, ils se retrouvent encore et encore, dans l'espoir de cet amour qu'ils ne
peuvent vivre, peut-être parce qu'ils n'osent imaginer qu'il leur soit donné. De ces après-midi, il reste une infinie nostalgie et un étrange érotisme, telles les variations de la vague qui meurt
pour mieux renaître, en creusant son empreinte pour aussitôt la recouvrir
La compagnie Les Productions Merlin est en résidence au Théâtre - Scène nationale de Poitiers depuis septembre 2007. Le spectacle est créé en automne 2008 au Théâtre - Scène nationale de Poitiers.