Hot Spring

Installation

 

Comment peut-on raconter/voir/entendre plusieurs "histoires", à partir d'un même film et d'un même outil technique? Comment pousser ces limites aussi loin que possible pour redécouvrir, et faire revivre l'image? Comment projeter une vidéo en mouvement, et la chorégraphier en différentes trajectoires? Dans "Hot Spring", l'image parcourt l'espace de façon ininterrompue grâce à un système de projection mobile. L'image se balade, habite, danse dans l'espace et s'anamorphose selon des points de vue mouvants. Elle invite le spectateur à la suivre, à s'y opposer, à la rattraper. Cette manière de donner à voir, de (dé)placer et de multiplier les points de vue, modifie l'accès à l'objet, à la mémoire qui l'a nourri. Ainsi s'ouvrent différents chemins oniriques et subjectifs, d'autres regards sur un même lieu mis en abîme.

 

Le corps, l'image le son
(inversion de l'image, trouble perceptif, qui dirige qui ?)

 

Hot Spring vise à expérimenter et mettre en œuvre des modalités d'interaction avec l'image et le son inconnues à ce jour, loin du cinéma, loin de la réalité virtuelle, loin du théâtre ou du concert. Il y a d'abord l'espace physique de l'expérience: cela peut être n'importe où pourvu qu'il y ait un support de projection. Il y a ensuite le spect-acteur ; c'est lui qui est au cœur du dispositif puisque tout, image et sons, s'anamorphose suivant son point de vue. Alors que le cinéma impose son cadre et sa durée, Hot Spring s'adapte au comportement de celui qui veut bien regarder. L'image et le son balayent l'ensemble de l'espace et restituent une sorte de panorama qui ne prend corps que dans l'esprit de celui qui est là. Un trouble perceptif s'en suit. Doit-on regarder l'espace physique ? - celui semble vaciller et perdre ses repères - Le cadre de l'image ? - qui prend encore la forme rassurante du rectangle cinématographique - La scène présentée a l'image ? - qui semble être située au delà de l'espace physique, dans un monde fragmenté, dont l'unité ne devient apparente que dans la durée - Enfin, faut-il croire ces mouvements de balayage tremblotants qui semblent être calqués sur les mouvements erratiques d'une force vivante et sensible, celle qui portait la caméra? Qui dirige qui? L'augure qui suit l'oiseau dans le ciel en croyant y déceler des signes, ou bien l'oiseau qui suit l'homme dans l'espoir de découvrir quelque proie? Aujourd'hui, l'oiseau EST l'image (et le son). Peut importe ce qu'elle présente, elle n'appartient plus au régime du visible (ou de l'audible). Seuls importent les processus d'interaction entre l'homme et les images qu'il produit. L'enjeu de l'art est désormais de les faire percevoir anoptiquement.

 

Vidéo.

 

"Hot Spring" est un lieu-dit, perdu au bord du désert, où, dit-on, surgissent des sources d'eau chaude - des petits bungalows non-habités, comme vidés pour en dégager le sens. La captation est faite d'un seul souffle, intuitive, en continu. Elle cherche à filmer des traces de présence et d'absence. La prise de vue fluide propose un enchaînement de vides emboîtés dans un va-et-vient entre l'intérieur et l'extérieur. C'est un film sans mots, sans histoire. Selon ce que raconte chaque point de vue se construisent d'autres versions de "Hot Springs", ressourcées à leur manière...

 

Son.

 

Une composition sonore accompagne chaque parcours de l'image et lui impulse sa scansion propre. Un large panorama d'atmosphères: thriller, mélo, comédie, ou parasites radio... Une composition "visuelle" visite la mémoire des itinéraires proposés, donne à "entendre" cette subjectivité déclinée presque indéfiniment.

 

Technologie

 

La création de "Hot Spring" s'appuie sur le logiciel de réalité virtuelle AAA-seed, développé par Emmanuel Mâa Berriet, couplé à un système de projection robotisé d'images anamorphosées en temps réel développé conjointement avec Olivier Auber dans le cadre du Laboratoire Culturel A+H.

 

Festival Chemins Numériques / Reims 2006
Festival Chemins Numériques / Reims 2006
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